Lauren... Tu avais eu le choc de ta vie en la voyant sur le pas de ta porte. Sans prévenir. Elle n'avait pas daigné te prévenir qu'elle venait à Blackwood Mountain et, pire que tout, il semblait ne pas y avoir qu'une simple volonté de te revoir derrière cette décision. Alors, bien entendu, tu n'allais pas la laisser à la rue. Mais alors qu'elle te parlait devant chez toi, les mots ne parvenaient pas à se frayer un chemin jusqu'à ton cerveau. Tu n'étais pourtant pas lente de base pour comprendre les choses, ton esprit fonctionnait toujours très rapidement. Mais là, c'était comme une sorte de blocage, comme si tu n'étais plus capable de réfléchir. Tu aurais presque paniquer. Presque, car tu n'étais pas ce genre de personne à paniquer facilement, et que moins tu comprenais, plus ton visage prenait un masque de neutralité pour cacher tes sentiments. Jusqu'à ce que tu parviennes à offrir à ta demi-sœur, qui ignorait tout de la vérité, un sourire tendre et poli. Elle n'avait pas tant changer que ça, te disais-tu. Elle avait toujours ce même petit minois innocent, qui n'avait d'innocent que l'apparence – tu le savais bien, tu t'étais occupée d'elle pendant deux longues années, presque comme une mère et tu l'avais vu entrer dans l'adolescence. Vous ne vous ressembliez pas beaucoup, à vrai dire. Elle, aussi brune qu'elle pouvait l'être, avec des yeux tout aussi bruns que sa masse capillaire. Et toi, blonde comme les blés, avec tes grands yeux d'un bleu étonnant. Tu ne tenais pas beaucoup de ton père, physiquement. Tu avais toujours davantage ressembler à ta mère, à vrai dire.

Tout en prenant une petite bouffée discrète d'air, tu te forças à élargir ton sourire en tendant la main à Lauren pour la faire entrer, et refermas la porte derrière elle après avoir mis ses valises dans l'entrée. Tu n'allais pas la laisser là, comme une idiote, debout dans l'encadrement de la porte. « Je ne comprend pas. » te décidas-tu à articuler pour qu'elle cesse de t'expliquer la raison de sa présence devant toi. « Chut, laisse-moi te regarder. Tu auras tout le temps de parler tout à l'heure. Ça fait tellement longtemps. » Tu allas encadrer son visage de tes mains, le plus tendrement du monde, avant de venir poser un baiser presque maternel sur son front. Ça, tu n'avais pas besoin de le feinter. Tu avais pour Lauren une tendresse certaine. « Quelle belle jeune femme tu es devenue, regarde-toi. Une vraie dame, maintenant. » Tu lui souris, avant de la prendre par le bras pour la conduire dans le salon et la faire asseoir dans le canapé. Et tu t'excusas, pour pouvoir t'éclipser quelques minutes dans la cuisine, en prenant soin de refermer la porte. Ton premier réflexe ? Appeler ton meilleur ami, naturellement. Et la panique naissance fit trembler ta voix alors que tu laissais un message sur son répondeur. « Siegfried, il y a ma demi-sœur qui a les fesses vissées sur notre canapé. Je ne sais pas quoi faire. Ce n'était pas vraiment prévu. Je vais l'emmener manger en ville, histoire de comprendre ce qui se passe. Mais je suis complètement larguée. Appelle-moi dès que tu peux, j'ai besoin d'entendre ta voix. » Tu avais parlé relativement bas. Assez, tu le savais, pour qu'elle n'entende pas. Encore quelques minutes dans la cuisine te permirent de reformer ton masque et de revenir avec un verre d'eau que tu lui tendis.

« On va aller manger dehors, ce soir. Mon colocataire n'est pas prévenu qu'on a une invitée, je préfère qu'on mange au restaurant rien que toutes les deux. Je vais monter tes affaires dans la chambre d'amis, on y va, et on profitera du dîner pour discuter. » tu fouillas rapidement dans ton sac à main, avant de lui tendre une paire de clefs. « Va m'attendre dans la voiture, je n'en ai pas pour longtemps. » Déjà, tu t'affairas à monter les bagages de ta sœur dans la chambre, avant de finir par aller la rejoindre dans la voiture, et de mettre de la musique suffisamment fort pour cacher ton trouble, sans pour autant limiter les possibilités de discussions. Heureusement pour toi, le restaurant n'était pas si loin que ça du quartier de la mine, et tu te garas sur le parking avant de tourner la tête vers Lauren et de lui sourire. « Nous y voilà. Tu vas voir, c'est délicieux. » Après être sortie de la voiture, tu lui pris le bras pour l'emmener jusqu'au restaurant, et tu demandas instinctivement une table à l’écart des autres. Lauren et toi aviez beaucoup de choses à vous dire. Après tout, cela faisait déjà 11 ans que tu étais partie... et si elle avait ressenti le besoin de venir te voir après tout ce temps, c'était certainement qu'il s'était passé quelque chose d'important dans sa vie.