Tell me about you

ATTENTIONNÉE ✝ Tu es quelqu'un d'attentionné, oui. Que ce soit en apportant une couverture en hiver, ou en tenant la main d'une personne triste, tu as toujours des petites attentions qui font plaisir. Les attentions qui réchauffent le cœur, bien plus qu'un feu de cheminée.

JOUEUSE ✝ Tu es joueuse, que ce soit pour draguer ou obtenir un renseignement. Tu aimes faire tourner les gens en bourrique, qu'ils te supplient d'arrêter. Tu joues avec le désir, la culpabilité, avec pratiquement toutes les émotions humaines. Sauf la colère. Parce que tu sais que ça ne fait tout simplement pas. Jouer avec la colère, pousser quelqu'un dans ses retranchements, c'est une chose impardonnable. Et toi, tu veux qu'on te pardonne.

BELLE ✝ Presque la trentaine. Il t'en a fallu, du temps, pour admettre que tu étais belle. Pas comme une Miss, ou un mannequin. Plutôt comme la fille qui attend le bus, un cahier dans les mains. Tes cheveux repoussent, même si la chimiothérapie ne s'arrêtera pas définitivement. C'est juste une pause, pour voir les résultats, comme a dit le médecin. Tu es fine, un peu trop même. Mais ça ne t'empêche pas de te coiffer, de te maquiller, de t'habiller. Ça ne t'empêche pas d'être jolie.

MYSTÉRIEUSE ✝ Il paraît que c'est un défaut. Parce que tu ne dis pas tout, tu as ce côté joueur et mystérieux qui intrigue plusieurs personnes. Et il faut du temps, pour t'avoir, pour que tu accordes ta confiance. La vraie confiance. On te dit que tu es mystérieuse. Tu n'y crois pas trop. Tu te contentes de faire une moue en haussant les sourcils.

CALME ✝ En général, tu es plutôt calme. Tu es le cliché de la gentille fille malade. Assise dans ton canapé, un livre dans les mains, ou en train d'écrire. Tu ne t'excites pas vraiment. Tu préfères prendre des cours de dessin sur Internet, écouter Birdy, te faire toute petite, même chez-toi. Ta respiration est calme, on entend à peine les roulettes qui permettent à ta bonbonne de te suivre. Parfois, tu te lâches. Tu hurles en battant des bras, tu rigoles fort, tu fais des danses bizarres, comme la danse du poulpe, ou celle du crabe. Mais cette fille, une seule personne la connaît : ta colocataire.

SARCASTIQUE ✝ Ah, le sarcasme. Qu'est-ce que tu ferais sans ? Tu montres ton désaccord grâce au sarcasme. Avec un grand sourire hypocrite quand tu es sûre d'avoir raison. Tu pinces les lèvres quand on te dit d'arrêter d'être incompréhensible : tu n'es pas incompréhensible, juste sarcastique.

COMBATIVE ✝ Tu es une battante. Et ça, tout le monde doit le savoir. Ce n'est pas une foutue maladie qui va t'empêcher de vivre ta vie ; alors tu te bats. Quand les gens s'inquiètent, tu hausses les épaules et dis qu'au pire, on te trouvera dans ton lit, comme une marmotte. Parce que les gens pensent que tu vas y rester. Et toi ? Toi, tu veux pas y penser. Parce que c'est possible, tu t'affaiblis, mais c'est pas grave. Ce fichu cancer, il peut aller manger des brocolis dans son coin. Parce qu'il est juste hors de question que tu meurs. Pas avant d'avoir un enfant, un Link ou une Zelda et une grande et belle maison.

FIÈRE ✝ Oh, ça oui, tu l'es. Quelqu'un veut t'aider à monter ta bonbonne, à cause de cette fichue marche avant l'ascenseur ? Non, c'est bon, tu peux le faire toute seule. T'es une grande fille. Ta colocataire est crevée et mets en doute tes talents de cuisinière ? Brocoli, tu vas lui montrer ! Le plus souvent, vous finissez au restaurant, mais c'est pas grave. T'as essayé. Et elle n'avait qu'à pas te sous-estimer ! T'es fière, faut pas te chercher. Quand ça concerne ta fierté, tu es prête à tout.

“ Tout va bien. Je suis en vie. ”

HAZEL ✝ Ta naissance se résume en trois mots : douleur. Épuisement. Joie. Une mère célibataire, à peine majeure. Et elle t'a gardé, toi, son petit fardeau. Hazel, comme les yeux. Pourtant, les tiens étaient bruns. Dawn, qui signifiait lever du soleil en grec. Hazel Dawn O'Leary. Irlandaise pure souche, née en 1987. Un enfant qui tendait les mains vers le ciel, vers sa mère. Depuis toujours, ton destin s'est tracé dans les étoiles. Tu es le genre d'enfant à monter au ciel, pour rejoindre les Dieux. Tu es une O'Leary.

Ton grand-père est mort quelques jours après ta naissance. Tous les ans, à son anniversaire, tu envoies une photo de toi en deux exemplaires. Une pour grand-mère, une autre pour grand-père. Tu as un oncle, qui te sert de figure paternelle. C'est lui, ton père. Il te téléphone souvent. Et tu parles, tu parles. Il refuse que tu meurs. Et parfois, vous vous disputez. Mais vous vous réconciliez. Puis tu as ta mère. Ta mère, qui t'aime et que tu aimes en retour. Elle ferait tout pour toi. Tu n'as pas eu la chance d'avoir un frère, mais ce n'est pas si grave. Au final, tu es heureuse d'avoir eu la bouteille de soda pleine, quand tu rentrais des cours.

Tu es allée dans une école en Irlande, comme toutes les autres petites Irlandaises de ton âge. À cette époque, les garçons étaient débiles mais mignons et on pouvait avoir plusieurs amoureux. Tu as appris ton premier gros mot quelques jours après ta première année, à cause des grands. Ta mère t'a ensuite dit de dire Mercredi. Mais Brocoli, c'est bien plus drôle à dire. Et puis c'est bon, une fois que ça croque sous la dent. Les filles ne t'intéressaient pas. Elles étaient trop bêtes. Tu as rencontré des garçons manqués, et vous êtes devenues amies. Mais tu préférais traîner avec les garçons. Même avec tes cheveux longs, ils te prenaient pour un des leurs. Et vous jouiez à plusieurs jeux, comme chat ou apocalypse, où tu faisais souvent le zombie. Quand Harry Potter est sorti, vous avez fait des parties de Quidditch, sans balai. Et tu étais souvent le Vif d'Or, pour ton manteau vert pomme, presque jaune. On te protégeait, et tu trichais parfois en disant pouce. Puis tu as arrêté de tricher quand tes Cognards t'ont vraiment bien protégé. Aujourd'hui, ça te fait rire. Tu te demandes comment tu faisais pour courir aussi vite, pour tous les éviter et surtout pour rigoler après toutes tes chutes. Tu étais une enfant, voilà tout. Vers ta dernière année dans cette école, tu as commencé à apprécier les jeux de rôles. Tu faisais du théâtre avec deux de tes amis. Un garçon, et un garçon manqué. Vous étiez des lapins qui tenaient une boulangerie, et tu adorais ça. Il y avait quelque chose de magique, là-dedans. Une magie que tu n'arrives plus à retrouver. Tu avais aussi un groupe de danse. Et de chant. Vous chantiez comme les dames, à l'opéra. Et vous battiez des bras et des jambes en appelant ça de la danse. Tes professeurs t'ont toujours bien aimé, parce que tu étais calme en classe. Tu avais une jolie voix, quand tu chantais, mais arrivais toujours en retard pour la chorale de fin d'année. Pourtant, tu t'étais préparée toute l'année scolaire. Et en dessin, tu adorais utiliser l'encre chinoise. Le reste, ce n'était pas trop pour toi.

Puis tu as changé d'école, pour entrer dans la cour des grands. Plutôt des moyens. Tu as perdu tous tes amis, qui allaient autre part. Mais tu en as trouvé des nouveaux. Tu as commencé à t'intéresser aux jeux-vidéos, aux séries. Et tu as commencé à fréquenter des filles. Des vraies filles, qui voulaient un petit-ami, des chocolats pour la Saint-Valentin et un chien à leur anniversaire. Certaines d'entre elles voulaient déjà faire l'amour. Cette révélation t'avait sidéré. Au fond, comme tout le monde, tu avais une date pour perdre ta virginité. Au minimum de chez minimum, seize ans. Sinon, dix-huit ans. Tu l'as perdue à dix-sept ans. Et, juste avant, tu as demandé conseil à ta mère. Elle n'allait pas te gifler, juste essayer de t'en dissuader. Tu étais son petit bébé, c'était bien normal. Puis elle t'a criée dessus, sur un ton blagueur et des mimiques qui te firent rire, pour te faire comprendre qu'elle souhaitait être grand-mère, mais pas maintenant. Tu l'as fais après la petite soirée maison, celle du couronnement des rois et reines du bal, que vous n'aviez pas dans votre école. C'était doux. Il a fait attention. Tu l'as encore plus aimé pour ça. Le plus mignon, dans l'histoire, c'est que vous avez été très maladroits, alors qu'il l'avait déjà fait. Ta première fois n'était pas bien : elle était géniale.

DAWN ✝ À dix-huit ans, tu as déménagé. Tu as cherché un endroit calme, qui ne se trouvait pas en Irlande. Tu voulais changer d'air, tout simplement. Puis tu as trouvé Blackwood City. Cette petite ville perdue au fin fond des Etats-Unis. Tu as décidé d'y aller. Les adieux avec ta famille furent... moins déchirants que ce que tu pensais. Ils te jetaient dehors, c'était une blague bien sûr, mais ils te disaient de vite sortir. Et ça t'a fait rire et désespérer, comme toujours. Puis tu t'es envolée pour l'Amérique. La première année fut magnifique. De la neige les trois quarts du temps, le froid, c'était magique ! En Irlande, il pleuvait tout le temps. La deuxième année fut plus compliquée, même si tu avais trouvé une colocataire.

Tu avais continué tes études de journalisme. Quatre ans, sans aucune spécialité. Ton CV fin prêt, tu es allée chercher un emploi. Et tu en as trouvé un : tu servais le café. À cette époque, tu avais vingt-deux ans, bientôt vingt-trois. Tu n'étais pas aussi bien payée que les autres, mais tu avais de quoi vivre. Puis il y a eut le cancer. Vingt-quatre ans, fraîche comme une rose ou presque, et atteinte d'une leucémie. Les premiers symptômes étaient de la fièvre, rien de bien grave. Mais plus le temps passait, plus tu allais mal. Et un jour, tu as décidé d'aller voir ton médecin. Analyses. Tu as fais plusieurs tests, comme chaque personne. Et là, il y a eut cette nouvelle, grave, qu'il t'a annoncé avec de la gêne dans la voix. Comme si c'était sa faute. Ton souffle s'est coupé. Heureusement que tu étais assise.

Contrairement à d'autres personnes dans ton état, tu n'as pas pleuré. Il fallait croire que la nouvelle était trop choquante. Si tu devais résumer ces dernières années, tu dirais chimiothérapie, repos, chômage, ennui, chimiothérapie, repos, pause, chômage, ennui, chimiothérapie. Il fallait toujours essayer de tuer ce brocoli de cancer. Tu as des difficultés respiratoires à cause de la maladie. On t'a attribué une bonbonne, une lunette à oxygène et même un petit chariot à roulettes. Tu te sens pas du tout assistée. Ta bonbonne, tu l'as appelé Jean-Claude. Parce qu'elle a une tête à s'appeler Jean-Claude. Le plus drôle, c'est de voir les gens bafouiller. Ils n'osent plus parler de mort, dire qu'ils en ont marre, se plaindre, quoi. Et à chaque fois, tu souris en haussant un sourcil. C'est bon, ils peuvent se plaindre. Mais ils n'osent pas. Ou comment être un alien, par Hazel Dawn O'Leary. Niveau amour, après le lycée, t'as pas eu beaucoup de chance. Tu te sais jolie, mais faut croire que les gars préfèrent les petites blondes. De toute façon, avant le cancer, tu préférais bosser. Ton cancer, tiens. T'aimes bien trouver des mots qui vont avec cancer. Quand t'as rien à faire, ça t'amuse de chercher. Parce que tu lui ris au nez, à Brocoli. Ouais, t'as décidé de l'appeler Brocoli. Quand on te dit que t'es trop calme, tu dis que t'es trop cancérieuse. Pas cancéreuse, cancérieuse. Faut rire de la maladie, pas la craindre. Pourtant, c'est parfois dur. Quand une des roues se coince, quand l'ascenseur est en panne, quand ta lunette a un nœud. Mais tu te débrouilles. Après tout, t'auras bientôt la trentaine. Ce cancer te montre au moins une chose : tu as arrêté la chimio depuis un moment, afin de voir s'il y avait des résultats. Et tu n'es toujours pas morte. T'es une battante.

O'LEARY ✝ Tu entends des bruits, la nuit. Le jour, ils sont seulement moins nombreux. Des voix, qui te chuchotent des choses. Tu entends des choses que personne n'entend. Tu te crois folle. Parfois, tu pleures en silence, enfermée dans les toilettes. D'autres fois, tu agis : tu hurles. Quand tu en as assez, quand tu te sens en danger, tu hurles. Et parfois, il y a un accident. Tu prédis des choses, des mauvaises choses. C'est évident pour toi, même si tu ne sais pas ce que tu es. Tu en as juste assez. Assez de provoquer des accidents, assez d'entendre ce que personne d'autre n'entend. Tu en as assez d'avoir des voix dans ta tête.

Bon chouchou, je te valide, garde moi une place très près de ton coeur <3

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Bon jeu !