Siegfried était en quelque sorte... choqué. Il avait eut sa période énervée, sa période j’évacue ma frustration et ma colère sur les autres, ou encore le célèbre et illustrement connu je bois littéralement toute ma détresse sous forme d'alcool imbuvable et beaucoup trop cher pour mon pauvre compte en banque qui à son tour ira se suicider.
La raison de tout cela, quelques lignes sur un pitoyable morceau de papier pitoyablement blanc. Un journal, quelques articles, rien de bien grave donc... Sauf que Siegfried se sentait un petit peu comme un star, qui aurait subitement prit du poids après un film un succès qui dévoilait ses abdos parfaits. Il était, sans exagérer, la véritable victime des articles. On ne l'avait plus lynché comme ça depuis qu'il avait quitté l'école, merde. Et encore, il avait eut l'occasion de péter le nez du rédacteur, donc au final ça avait été plutôt marrant... Mais là. Il avait trente ans quoi ! Un boulot stable -nul, mais stable quand même. Une colocataire sexy, amante, meilleure amie à mi-temps, avec un beau projet qui faisait son petit bonhomme de chemin... Il n'était plus un gamin !

Si au départ, il avait aimé l'article. Le chasseur avait été décrit comme beau, et fidèle. Tout lui quoi. Et puis... Il était malsain, d'après eux. Une sorte de Marie-Couche-toi-là, un pédophile. Et enfin, on le suspectait d'être une créature. Spécialement, celle qui tuait des enfants. Le pompon. Le putain de pompon rose fluo, fushia, énorme et poilu.
Siegfried était le chasseur dans l'histoire, bon sang de bon soir. Certes, à Thiercelieux, il doit mourir pour être utile, mais dans la vraie vie, ici, à Blackwood Mountain, il était utile tout le temps. Il aidait justement à retrouver cette créature et mettre fin à son règne de terreur.

Le chasseur avait acheté plusieurs exemplaires du journal alors qu'il était légèrement bourré. Entre temps il avait décuvé, mais maintenant, il était chez lui, sur son canapé, avec son gros pyjama confortable (le bleu ciel avec des petites crêpes souriantes partout), en plus du gros plaid moche qui entourait ses épaules comme une cape absolument horrible de super-héros nul.
Siegfried lisait et relisait les articles, en attendant que sa meilleure amie rentre enfin et qu'il puisse enfin la voir, enfin lui parler, après toutes ses émotions d'homme viril.