“ Citation”
Les premières choses dont elle se souvient et qui semble la poursuivent nuit après nuit. C’est encore un gigantesque incendie, un rire qui semble possédé par la folie et d’une comptine. Cette dernière semble souvent lui revenir en tête comme une obsession qu’elle ne comprend pas elle-même.
« Eh, oh, ce matin
Y a Chloé qui s'est noyée
Dans l'eau du ruisseau
J'ai vu ses cheveux flotter
Là-bas sous les chênes
On aurait dit une fontaine
Quand Chloé a crié
Quand sa p'tite tête a cogné »
Quelque chose a dû se passer, mais elle ne se souvient de rien. Ses parents semblent aussi étranges avec elle ces derniers temps. Comme s’ils craignaient quelque chose. Elle avait bien essayé, de les interroger pour obtenir des réponses, ils restent vagues, se contente de l’embrasser sur le front et de lui murmurer quelques paroles réconfortantes. Mais dans leurs yeux, il n’y a plus aucune chaleur, plus de douceur. Leurs yeux semblent hantés par quelque chose qu’elle ignore. Qu’a-t-il bien pu se passer qu’elle ne sait pas ?
Pour une raison qu’elle ne comprend pas, elle semble oublier certain jour. Comme si elle dormait. Elle n’arrive pas à s’en souvenir. Elle sait qu’elle ne reste pas enfermée dans sa chambre ou autre. Qu’elle occupe ses journées, mais elle ne semble en garder, aucun souvenir. Ses parents sont d’ailleurs plus étranges à ce moment-là. La douleur dans leurs yeux semble plus visible que jamais. Avait-elle fait quelque chose qui poussait à cette réaction ? Elle avait même cru voir de la peur dans son regard. Mais rien n’y faisait ses questions restaient, sans aucune réponse. Peu à peu, ses parents semblaient également s’éloigner d’elle.
Du jour au lendemain, ils décidèrent de changer de ville, de maison, de tout quitter pour recommencer ailleurs. Elle n’était pas persuadée que cela change réellement les choses, mais comme d’habitude on ne l’écoutait pas. On ne tenait plus compte de ses avis, ses parents semblaient vouloir l’enfermer encore plus qu’avant.
Qui dit nouvelle vie, dit également nouveau départ. Evangeline aurait aimé recommencer comme si de rien n’était, mais rien ne fut simple. Ses parents étaient là, mais semblaient plus intéressés par leur carrière respective que leur propre fille. Cette dernière passait la plupart de son temps enfermé dans la bibliothèque en compagnie de son professeur particulier, voire la plupart du temps seul. Quoi que la jeune femme entreprenne, elle n’arrivait toujours pas à comprendre d’où lui venaient ces souvenirs ni pourquoi ses parents semblaient la fuir. Trop de question, pas assez de réponses. Que se passait-il réellement ? Pourquoi tout cela ne ressemblait qu’à une vaste mascarade dont on se lassait avec le temps ?
Evangeline cessa de chercher des réponses auprès de ses parents. Pour le peu de temps qu’elle les voyait, elle préférait être de bonne compagnie. Elle tenta bien de leur faire oublier cette tristesse inconnue, mais rien n’y faisait, rien ne changea si ce n’est cette solitude toujours plus grande que la jeune fille ressentait jour après jour.